Splendeurs et misères au Musée d'Orsay // Splendour and Misery at Orsay Museum
Au Moulin Rouge, Toulouse-Lautrec |
La nouvelle exposition du Musée d'Orsay promet d'attirer nombre de visiteurs avec son thème et son titre accrocheur: "Splendeurs et misères. Images de la prostitution, 1850-1910". Le sujet traité a toujours inspiré les artistes: la femme, le corps, la transgression, la condition sociale... La matière est riche et les arts aussi diversifiés. Sculpteurs, compositeurs, peintres, écrivains, photographes, tous ont abordé ce métier pas comme les autres avec envie, fantasme ou jugement.
Les artistes représentés dans l'exposition sont des hommes. Ainsi la femme marchande de son corps est illustrée par l'oeil masculin. Pure imagination? Simple observation? La prostitution provoque mais suscite l'intérêt. Et chaque oeuvre nous enseigne l'évolution de la condition de la femme à cette époque. De nombreuses mères de familles esseulées faisaient ce choix comme complément de salaire afin de subvenir aux besoins du foyer. La prostitution prend alors pour cadre les bas fonds de la ville.
Mais il existe aussi des femmes ayant décidé d'exercer seulement ce métier et dans la haute société. Parées de belles robes, d'une coquetterie affirmée et d'une élégance certaine, on ne les distingue que difficilement des femmes "honnêtes". Seuls le relevé de jupon, le regard furtif ou d'autres allusions codées, permettent de les identifier. Les oeuvres de l'exposition mettent en scène ces jeunes femme dans les cafés, en terrasse, ou à l'heure de l'absinthe. On devine aisément sous les traits de Manet ou Toulouse Lautrec, les habitudes de l'époque, comme dans "les brasseries à femmes". Les cabarets comme le Moulin Rouge, sont également des lieux de rendez-vous. Les touristes étrangers sont d'ailleurs très au fait de ces pratiques et n'hésitent pas à faire le déplacement. L'opéra lui-même avec ses petits-rats, est reconnu comme lieu de rencontre.
Madame Valtesse de la Bigne, Henri Gervex |
L'époque des maisons closes réglementées a donné lieu à des représentations de toilette intime, de liens entre les femmes, de nouveaux fantasmes sur le quotidien des filles de mauvaise vie. Vers la fin du XIXème siècle, c'est l'échec total du système règlementariste et la prostitution s'étale au grand jour. Il devient même de bon ton d'entretenir une semi mondaine dans l'aristocratie. Cela est signe de richesse et de virilité. Le sujet de la prostitution devient moderne et les artistes ouvrent la porte de leurs ateliers à ces femmes pour qui la nudité n'est pas un tabou. Au XXème siècle, l'objet de plaisir devient public et peut accéder à la dénomination d'oeuvre d'art.
"Splendeurs et misères. Images de la prostitution, 1850-1910" met en avant un thème controversé, polémique et bien souvent hypocrite. Tout au long de l'exposition, nous découvrons l'importance et la place de la prostitution dans la société. Une évolution particulièrement intéressante et sur laquelle chacun peut s'interroger. Une chose est certaine, le sujet divise mais l'exposition rassemble.
Au Musée d'Orsay
Jusqu'au 17 janvier 2016.
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Crossing the road, Giovanni Bolding |
The new exhibition at the Musée d'Orsay will attract many visitors with its theme and its catchy title: "Splendour and Misery. Pictures of prostitution, 1850-1910.". The subject has always inspired artists: the woman, body, transgression, social condition ... Sculptors, composers, painters, writers, photographers, all treated that special job with envy, fantasy or judgment.
Artists represented in the exhibition are men. Thus the woman who sells her body is illustrated by the male eye. Pure imagination? Simple observation? Prostitution arouses interest. And each work teaches us about changes in the status of women at that time. Many mothers of families made this choice as a wage supplement for their family. Prostitution settles in the bad parts of the city.
But there are also women who decided to only do this job and in high society. Adorned with beautiful dresses, with a frank coquetry and a certain elegance, it is hard to distinguish them from "honest" women. Only petticoat raised, furtive glance or other coded allusions, allow to identify them. The works in the exhibition depict the young woman in the cafes, on the terrace or at the absinthe time. We can easily guess through brushes of Manet or Toulouse Lautrec, the customs of the time, as in "women brasseries". Cabarets such as the Moulin Rouge, are also meeting places. Foreign tourists are very aware of those practices and do not hesitate to make the trip. The opera itself with its dancers, is known as meeting place.
Agostina Segatori sitting in the Café du Tambourin, Vincent Van Gogh |
The era of regulated bawdy-house led to depictions of intimate care, links between women, new fantasies on the daily lives of those girls. By the late nineteenth century, it is the total failure of regulationist system. It even becomes fashionable to keep a demi-mondaine among the aristocracy. This is a sign of wealth and virility. The subject of prostitution becomes modern and artists open the doors of their workshops to the women whose nudity is not taboo. In the twentieth century, the object of pleasure becomes public and can access the name of artwork.
"Splendour and Misery. Pictures of prostitution, 1850-1910" pulls the curtain on a controversial topic often hypocritical. Throughout the exhibition, we understand the importance and the place of prostitution in society. A particularly interesting development on which everyone can question. One thing is certain, the subject splits but also brings together.
At Orsay Museum.
Until January 17, 2016.